10 avril 2024 - Gwenaelle Dubois

Récit d’une résidence artistique centrée sur l’humain avec Roxane Campeau

Pendant près de trois mois, d’août à octobre 2023, Roxane Campeau, artiste mosaïste, est allée à la rencontre des occupants du parc Victoria et des résidents du quartier Saint-Philippe de Trois-Rivières pour vivre un projet de résidence artistique axé sur la médiation culturelle. 

Alors que ce projet est à nouveau proposé par Culture 3R pour la saison estivale 2024, Roxane a accepté de nous partager les raisons qui l’ont conduite à s’engager dans cette résidence et les moments forts qui ont marqué ces trois mois de médiation culturelle. 

Peux-tu nous partager ce qui t’a donné envie d’envoyer ta candidature pour faire une résidence au parc Victoria ?

À vrai dire, il y a trois raisons qui m’ont donné envie d’envoyer ma candidature. La première, c’était l’idée de faire une résidence de création. La seconde, c’était que ce soit une résidence complètement libre, sans attente de résultat à la fin. C’était vraiment une résidence de recherche et de création. Puis la dernière raison, c’était le fait que ça soit axé sur la rencontre avec l’autre.  

En quoi ce lieu a-t-il influencé ton processus créatif ? 

Cette partie est encore en train de mijoter. Je suis quelqu’un d’extrêmement lent dans mon processus de création. Ça a été beaucoup plus une présence et des rencontres que de la création. Parmi mes rencontres, j’ai discuté avec beaucoup de personnes en souffrance qui venaient s’assoir devant moi et qui, pendant parfois plusieurs heures, me racontaient ce qui se passait dans leur vie, se confiaient à propos de leur quotidien.  

Je n’ai pas été en contact avec toutes les personnes en situation d’itinérance du parc, certains étaient plus souvent présents, plus marquants aussi dans ce qu’ils m’ont partagé ou pour l’intérêt qu’ils démontraient envers mon travail. Par exemple, il y a eu une femme en triporteur qui venait vraiment souvent me voir et qui m’a apporté des matériaux. On a eu de très belles discussions ensemble. J’ai rencontré beaucoup de gens du quartier aussi qui, au fil des semaines, ont vu que je revenais et qui ont commencé à s’intéresser à mon travail. Il y a eu des femmes avec qui j’ai jasé longuement, un monsieur d’un certain âge toujours bien habillé qui est revenu très souvent.  

Finalement, dirais-tu que ce sont les personnes plutôt que le lieu lui-même qui t’ont influencé durant cette résidence ?

Oui ! Complètement ! Si j’étais allé m’installer dans un autre parc de Trois-Rivières, la dynamique aurait été complètement différente. Oui les gens seraient passés, oui j’aurais discuté avec eux, mais la nature des discussions et des partages aurait été totalement différente.  

Pourrais-tu nous partager un moment ou une anecdote qui t’a particulièrement marqué durant cette résidence ?

Il y en a eu plein des belles rencontres ! Il y a eu cette dame, immigrante, début cinquantaine, qui est venue travailler à la mosaïque collective assez longuement. C’était un très beau partage de vie, de cheminement. C’étaient toujours des dialogues très ouverts, chaleureux. Il y a eu la dame en triporteur qui m’a amené des matériaux. Elle était toujours très enjouée. Cette femme va réellement influencer mon travail, car cette matière-là je la conserve et je vais finir par l’utiliser. J’en ai déjà intégré un petit peu, mais au niveau de la matière qui m’a été fournie ça va faire son chemin petit à petit. Il y a eu un couple qui est venu aussi, très intéressé par mon travail, qui a des amis artistes, ça m’a aussi ouvert des portes au niveau des possibilités pour mon travail. C’était une vraie résidence humaine, une résidence de rencontres et de partage.  

Est-ce que tu aurais un conseil à partager aux artistes qui aimeraient réaliser un projet de résidence axé sur la médiation culturelle au parc Victoria ?

Je leur dirais d’arriver là le cœur ouvert, avec une grande ouverture d’esprit parce qu’on peut être appelé à côtoyer des personnes avec des histoires difficiles à entendre. Je leur dirais aussi d’être réellement présents pour l’autre. Selon ce que la personne partage ou crée, je lui dirais de se laisser nourrir par ça parce que c’est vraiment nourrissant, ce sont des véritables rencontres humaines. 

Situé dans le quartier Saint-Philippe de Trois-Rivières, le parc Victoria est un magnifique espace vert reconnu comme un attrait important du quartier Saint-Philippe.  Dans un objectif d’échange et de rencontre entre les habitants du parc et les résidents du quartier, Culture 3R et la Ville de Trois-Rivières souhaitent mettre en place un projet pilote, en accueillant une résidence artistique, entre le 1er juin et le 31 août 2024. Si vous aussi, vous avez envie de participer à un projet de résidence artistique rempli de rencontres et de partages, envoyez-nous votre candidature avant le 6 mai 2024 à minuit.

Ce projet est réalisé grâce au soutien financier du gouvernement du Québec et de la Ville de Trois-Rivières dans le cadre de l’Entente de développement culturel de Trois-Rivières.

Si le récit de Roxane vous a plu et que vous souhaitez en découvrir davantage sur ses œuvres et ses ateliers, n’hésitez pas à visiter son site internet.

 

 

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